Création 2024
En espagnol, surtitré en français
1h15
adapté du roman de Camilo Bogoya (Colombie, Prix national U. Antioquia, 2019)
avec Mariana Montoya Yepes
mise en scène : Ivan Jimenez
lumières : Victoria Cirot
musique : Memoria de Federico García de Castro
voix off : Paula Martínez-Takegami, Jairo Mejía et Fabio Prieto
Enlevée par la force, au milieu de la forêt, Flora invente une stratégie pour amadouer sa garde : elle lui raconte l’histoire du labyrinthe de Crète où le Minotaure est emprisonné. Adaptée du roman Dédalo de Camilo Bogoya –une réécriture du mythe grec–, cette pièce approche l’une des expériences les plus éprouvantes du conflit armé en Colombie, et ailleurs : la survie après la perte de la liberté.

En racontant l’histoire de Flora, une jeune étudiante enlevée par erreur, le roman Dédalo de Camilo Bogoya –Prix national de littérature 2019 de la Universidad de Antioquia, à Medellín– plonge le regard dans l’une des industries criminelles du conflit armé en Colombie : dans ce pays, quelques 40000 victimes sont concernées par la privation de la liberté, avec des pratiques de déshumanisation. La captivité de Flora se déroule au milieu de la forêt, dans une ferme où les mâchoires enterrées lui parlent des morts de naguère. Telle Shéhérazade, sa stratégie de survie est de raconter une histoire à sa garde : le mythe grec de Dédale, l’architecte qui construit le labyrinthe où le Minotaure est enfermé. C’est au fil de cette narration que se joue la relation d’altérité –c’est-à-dire la possibilité de retrouver du commun en dépit des différences radicales– entre la victime et son bourreau. La mise en scène reprend des extraits du roman, tout en déployant l’approche symbolique-poétique –et non seulement réaliste– que cette fiction adopte à l’égard de l’enlèvement. Ainsi, une installation plastique matérialise le labyrinthe en tant que lieu du destin incertain. Signée par Ivan Jimenez, créée en collaboration avec Mariana Montoya Yepes, cette proposition scénique est étayée des travaux qu’ils avaient réalisés au préalable –respectivement, en 2014 et en 2021– à propos du thème du déplacement forcé en danse. Dans Dédalo, il s’agit de participer à l’effort collectif de rappeler –autant que faire se peut– la dimension intime et corporelle de la privation de la liberté. Portée par la musique de Memoria, de Federico García de Castro, la corporéité contenue de Flora semble trouver, dans un dernier instant de danse, la possibilité d’une issue. Pour entrevoir cet interstice de l’espoir, une phrase d’Horacio, le père de Flora, nous a guidé.es, comme le fil d’Ariane : « parce que cette guerre ne se gagne pas avec des armes mais avec de l’imagination. »
« Et Flora raconte l’histoire pendant que la garde écoute, attentive, respire, comme si elle voulait intervenir, ou ronronne comme une bête sauvage, son corps suivant la voix maigre, désapprouvant le comportement des personnages, souriant parfois, se rappelant ses propres amours, ou les histoires de veaux qu’elle a entendues dans une autre obscurité, parce qu’il fait noir et qu’on ne voit pas le fusil de la garde. » (Dédalo)



La création de Dédalo a eu lieu le 31 mai 2024 à Paris, dans le cadre des Semaines culturelles de l’Amérique latine et des Caraïbes, grâce au soutien de l’ESCA, de la maison d’édition Ojo Vulgar-El Círculo et de l’Institut Cervantes.

Conférence performance à propos de Dédalo, le 2 septembre 2024, à la Casa Colombia, Parc des Nations, dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024


