Dear Rita

Création 2021-2025

En français, espagnol et anglais

avec Yordanka Ariosa, Linnett Hernández et Edenis Sánchez

Texte et mise en scène : Ivan Jimenez

Direction musicale : Marta Lahens

Chorégraphie : Francisco Arboleda

Lumières : Victoria Cirot

Josephine Baker] n’est pas une victime passive du moule exotico-erotico-colonial. […] [Elle accomplit] un processus performatif de réinvention au sein duquel le sujet devient son propre objet parce qu’il doit répondre à des demandes d’identification qui ne lui appartiennent pas ».
Isabelle Launay, « Le lore de Joséphine Baker », Cultures de l’oubli et citations (2019, p. 103).

© William Oceguera

Inspiré de l’univers composite du cabaret, Dear Rita revient sur la collaboration artistique de Josephine Baker (1906-1975) avec plusieurs compositeurs cubains –Moisés Simons, Eliseo Grenet, Armando Oréfiche et Orlando de la Rosa–, et sur les performances qu’elle a faites dans les scènes havanaises –dont l’América, l’Astral, l’Alcázar, le Fausto et radio CMQ– durant ses tournées de 1950-1951, 1952-1953 et 1966 (voir Rosa Marquetti, “Josephine Baker en Cuba. Glamour, discriminación e intrigas”, Desmemoriados, 2020, web). La pièce approche la circulation internationale des rythmes afro-cubains dans la première moitié du XXe siècle, dans un contexte historique marqué par l’ingérence des États-Unis à Cuba et dans la Caraïbe. Comme dans une constellation configurée à partir d’affinités esthétiques et/ou politiques, Josephine Baker y est un point de départ pour convier d’autres artistes de son temps : Rita Montaner (dite La Única), Ignacio Villa (dit Bola de Nieve), Maya Angelou, James Baldwin… Pour donner une actualité à cette histoire d’échanges transculturels, chacune des trois interprètes –Yordanka Ariosa, Linnett Hernández et Edenis Sánchez– déploie son approche personnelle de la figure protéiforme de Joséphine Baker : danseuse, chanteuse, comédienne, icône de l’avant-garde, héroïne panthéonisée de la Résistance, mère, activiste des droits civiques contre la discrimination raciale…

« Alors, oui, je peux dire que c’était comme un appel. Oui, mais d’où cet appel pouvait-il venir ? Je n’en avais pas la moindre idée du temps où je me trimballais entre les plateaux, les cabarets et les demeures élégantes. Je me suis souvent demandé s’il s’agissait d’une transmutation d’une histoire que ma grand-mère m’avait racontée de sa sœur, grand-tante Elvara, un jour quand on se promenait au bord du Mississippi : le mari de ma grand-tante était mort en combat, dans la guerre de 1895 contre les Espagnols… Quoi qu’il en soit quand j’ai entendu « Maní… Manisero, maní, maní, il y a eu rencontre. »… Et comme dans toute véritable rencontre, ça m’avait l’air familier, comme quelque chose que je portais dans mon corps, ou mieux dans ma peau, mais qui n’était pas tout à fait pareil à ce que je portais déjà dans mes valises. Je ne sais pas comment appeler ça, une cadence ? Oui, une cadence, une cadence qui me correspondait parce qu’elle portait les balancements de ma joie.»

(Dear Rita)